CIA : La torture pousserait à avouer n'importe quoi ?

Menace d'être une cible en cas de fausse information, simulations de noyade, privation de sommeil pendant plus d'une semaine, isolement total du nombre extérieur..

Ce ne sont que quelques méthodes d’interrogatoires parmi tant d'autres, exercées par la CIA. Ces dernières feraient partie des services physiques et psychologiques infligés à minimum trente neuf captifs dans la lute anti-terroriste de la CIA suite aux événements qui ont eu lieu le 11 septembre 2001. L'agence américaine n'a pas connu de difficultés en avouant son objectif : provoquer chez ces prisonniers "l'extrême faiblesse, la désorientation et l’effroi" pour mieux leur arracher des informations non seulement vitales, mais également utiles. En revanche, il s'agit d'une très mauvaise démarche au regard des connaissances actuelles en psychologie cognitive ou encore des témoignages recueillis au fil des conflits armées. 

"De nombreuses preuves indirectes montrent l'inefficacité de la torture quand il s'agit d'obtenir des informations fiables." dit Par-Anders Granhag, psychologue spécialiste des interrogatoires à l'université de Goteborg, en Suède. Car les conditions, qui sont dit extrêmes, de ces interrogatoires déclencheraient un certain nombre de phénomènes psychologiques : "Ne voyant pas d'autre moyen de survivre à l'épreuve, l'individu va vouloir échapper à cette situation douloureuse en répétant ce que l'interrogateur désire entendre, même si ces informations sont fausses." éclaire Julia Shaw, psychologue criminilogiste à l'université du Bedfordshire, aux Royaume-Uni. Un fait constaté au long de l'histoire de la torture.

Cette même torture infligerait à des pertes de mémoire !

Les effets de la privation de sommeil sur la mémoire ont largement démontré qu'ils sont loin d'aider à la divulgation d'information convicte. Par exemple, une étude publiée en 2004 avait établi, chez 509 soldats en stage de survie, la perte de mémoire visuelle suite à une privation de sommeil et de nourriture de 48 heures. Comme le relève Par-Anders: "Une personne privée de sommeil pendant plusieurs jours aura toutes les difficultés à se remémorer quels complices assistaient quelques ans auparavant, à une réunion spécifique." D'autant plus que "divers travaux montrent que la privation de sommeil augmente la suggestibilité des personnes interrogées", soulève Allison Redlich, de l'université d'Albary, aux Etats Unis. En effet: la mémoire ne consiste pas à retrouver un évenement figé dans le passé mais à le reconstituer à partir de fragments pouvant être distordus.                       "Les personnes soumises aux conditions extrêmes d'un interrogatoire deviennent influençables et confuses, insiste Julia Shaw. Ces siuations inhibent la mémoire et augmentent la production de faux souvenirs." Il est donc évident que les méthides coercitives ne peuvent aboutir à des informations utilisable. "Le cas de Khalid Cheikh Mohammed (cerveau du 11 septembre 2001) soumis à plus de 180 simulations de noyade, est souvent présenté comme un succès dans la traque de Ben Laden, alors qu'à y regarder de près il n'a fourni que des fausses pistes, rétablit Par-Anders Granhag. Tous les grands maîtres de l'interrogatoire témoignent que les approches non-coercitives sont les plus efficaces. Ces approches sont non seulement respectueuses mais aussi tactiques." Malgrès tout, les milieux de renseignement font de plus en plus appel aux sciences cognitives. 

Critiques constructives? N'hésitez pas à les donner en commentaire! Bonne rentrée à tous.

- Noémy Marques, 3B 

Source: Science & Vie n°1171

 

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